Etre anarchiste en 2024 (suite)

21 Mars 2024

J'entends déjà les cris effarouchés: "C'est l'assurance du chaos !" Ah, tiens !? Mais ne voyez-vous donc pas que le chaos est l'état présent de notre société..!? Un chaos climatique, qui résulte d'une prédation sans limites des ressources naturelles; un chaos politique, avec ces états hypocrites, qui se disent "préoccupés" mais qui, en coulisses, placent la force publique, qui leur fût naïvement confiée par les urnes, au service des profits insatiables de la Banque et de l'Industrie. Pensez-vous vraiment que nous puissions faire pire ? La planète s'en va vers l'ébullition, les guerres se multiplient pour le plus grand bonheur des marchands de pétrole et de bombes, les "géants" de l'Internet construisent consciencieusement l'ignorance et la crétinisation, provoquent un affaissement culturel, alimentent les haines de toutes sortes. Les politiques, les publicistes, la cohorte des "experts" aux ordres... nous parlent comme si nous étions des mômes de cinq ans, sans soulever la moindre indignation.

Dans notre glorieuse "patrie des Droits de l'Homme", l'assemblée nationale est devenue un accessoire optionel dans l'exercice de la "démocratie" et notre petit MANULEON Ier peut exprimer son désir de partir en guerre sans que s'élève une tempête de protestations. On gouverne désormais par décrets et 49-3.

S'autogouverner sans dieu ni maître, selon les principes anarchistes, c'est en appeler à la libre formation de communautés, de communes, liées par un même intérêt, de nature territorial, ou économique, professionnel... chacune s'exprimant par la voix de son Assemblée Générale; c'est fédérer ces communautés dans des structures plus larges, où les assemblées générales s'expriment au travers de délégué-e-s révocables à tous moments et lié-e-s à ces assemblées par des mandats impératifs; c'est organiser une navette entre les bases et les différentes instances fédérées, pour débattre, enrichir, amender les différentes propositions et toujours renvoyer les décisions aux assemblées générales souveraines, c'est désigner, le cas échéant, des conseils de gouvernance dont la tâche est d'assurer les décisions arrêtées par les assemblées, fonctions révocables à tous moments en n'entraînant aucun privilège dans leur exercice, c'est encore répartir les tâches au sein des collectivités par le biais de commissions chargées d'étudier le fonctionnement de secteurs précis des collectivités (éducation, transport, santé, logement...), commissions (on peut les appeler comme on veut...) qui auront pour charge la mise en forme des projets, qui pourront (ou pas, selon les décisions locales) proposer d'amender ou enrichir les propositions qui leur parviennent pour permettre qui se tiennent des débats avant les décisions des assemblées... C'est aussi renoncer à la propriété privée, à l'héritage... à tous les dispositifs qui rendent impossible la construction d'une véritable égalité.

Un vaste canevas de réseaux susceptibles d'être fédérés à différents niveaux selon les besoins, mais où le pouvoir de décision est systématiquement détenu par les assemblées générales de base. Une organisation certes un peu complexe, exigeante puisqu'il devient indispensable que le plus grand nombre soit impliqué dans la marche des collectivités.

Il reste un point qu'il convient de souligner. Dans l'ensemble, les anarchistes ne sont pas des gens violents. Et par pitié, évitons le ridicule cliché du poseur de bombes le couteau entre les dents ! Oui, il y eût quelques désespéré-e-s, comme Ravachol, Emile Henry, Jules Bonnot ou Raymond Caillemin. Ils n'étaient qu'un nombre dérisoire, alors qu'en ces années, des milliers de femmes et d'hommes construisaient le syndicalisme, telle notre CGT, en France, dont on doit l'existence aux anarcho-syndicalistes. Celles et ceux qui ne comptaient plus les coups reçus. Alors ce point, qu'il faut souligner... C'est que jamais les anarchistes n'imposeront leur point de vue par la force. Plutôt échouer que devenir oppresseurs.

Face aux inquiétantes évolutions des sociétés humaines, il ne nous parait pas absurde que les principes de l'anarchisme puissent devenir une piste de réflexion pertinente. Alors longue vie aux Moutons rouges et noirs !!

Axel de la Tonte