Suzanne LABIN

On ne la connaissait pas du tout, la brave Suzanne LABIN. Mais en la découvrant, on s'est dit qu'elle présentait un parcours à faire pâlir d'envie tous les COHN-BENDIT, ONFRAY, VALS et autres CAZENEUVE..!

Suzanne et Ngô Dinh Diêm, Président autoproclamé d'une République du Vietnam népotique

Née en 1913, petite dernière choyée d'une famille ouvrière, Suzanne DEVOYON est poussée à suivre des études. Et elle excelle, Suzanne! Licenciée es-sciences à la Sorbone puis diplômée de l’École des hautes études sociales et internationales, elle épouse Édouard LABIN en 1932. Tous deux sont alors d'ardents militants des organisations du PCF. Dès 1937, la découverte de la dictature de tonton STALINE conduit Suzanne à migrer politiquement vers l'extrême gauche anti stalinienne, d'inspiration trotskyste. Mais dans l'après guerre, Suzanne LABIN commence à louvoyer en eaux troubles. Elle adhère à la SFIO (Section Française de l'Internationale Ouvrière, ancêtre de notre actuel PS) mais elle y propose une initiative pour l'interdiction du PCF. Une proposition qui ne passe pas.

A partir de la fin des années 50, la main droite et la main gauche de Suzanne vont gravement se dissocier. Tandis que la gauche signe de nombreuses pétitions qui dénoncent la répression stalinienne, en compagnie de ses amis intellectuels de gauche et d'extrême gauche (Albert CAMUS, André BRETON, Léo FERRE, Gilbert PRADET...), sa main droite se tend en direction de Jacques SOUSTELLE, Georges ALBERTINI (ancien collaborationniste, bras droit de Marcel DEAT), et offre sa paume ouverte à Allen DULLES et aux dollars de la CIA. L'anticommunisme de Suzanne LABIN prend des dimensions hautement pathologiques. Elle voit des communistes partout!! Rien d'étonnant alors qu'elle prenne fait et cause pour l'Algérie Française. Mais là, le masque tombe et tout ce qui lui restait de contacts à gauche choisit de rompre avec la bonne Suzie.

Suzanne se déchaîne! Elle multiplie frénétiquement les publications "anticommunistes" (avec quel argent?). Les "cryptocommunistes" sont parmi nous! De Charles de GAULLE à la rédaction de "Témoignage Chrétien", ils cernent le "Monde Libre". Évidemment, elle ne voit, dans la guerre du Vietnam, que le triomphe du monstre stalinien qui, sous peu, va dévorer le monde libre occidental. En 1966, elle participe à la création de la World Anti-Communist League (WACL) ou ligue anti-communiste mondiale, dont elle devient la présidente de la branche française. Années 60, contre-culture, hippies, contestation... encore une "offensive communiste" pour Suzanne. Le projet est d'affaiblir la jeunesse occidentale à grands renforts de sexe, de drogues et de Rock'n Roll!  Au Chili? Le criminel se nomme Salvador ALLENDE! Encore un importateur du Communisme qui mange les petits enfants! PINOCHET est un résistant que des cryptocommunistes décérébrés diabolisent!

Depuis la fin des années 80, Suzanne LABIN s'est tellement marginalisée qu'elle ne compte plus que de rares amis, comme Roger HOLEINDRE (cofondateur, avec le délicieux Jean-Marie, de l'Affront National) et qu'elle est contrainte de s'autoéditer. Suzanne LABIN s'éteint en janvier 2001 et, en dépit de l'abondance de son œuvre, il est peu probable que son nom marque l'histoire.

En revanche, les Moutons Ragoteurs lui doivent une épatante soirée de découverte hilare! Bon. Ne rions pas trop fort. Par les temps qui courent, sûr qu'elle doit compter quelques  nouveaux admirateurs...

Édith O'Rial

Comments

[Le chameau]

Une belle découverte, je ne connaissais pas du tout cette charmante dame dont le parcours politique et intellectuel a dû beaucoup inspiré Manuel Valls et Philippe Val

[Axel de la Tonte]

C'est vrai qu'on avait oublié ce triste bouffon de Val dans la liste des adeptes de Suzy. Comment peuvent-ils se regarder dans un miroir? Sinon, comme disait Ferré, en faisant mentir les miroirs...